Par Catherine Monroy

Pour moi, Catherine, 51 ans, scénariste, maîtresse d’un chat British short hair et accessoirement mère divorcée de jumeaux, **homeexchange.fr est devenu un mode de vacances quasi exclusif. **Après ma séparation, cette façon de voyager avec un petit budget dans le monde entier s’est imposée à notre « famille décomposée » jusqu’à devenir addictive. Grâce au site, j’ai échangé notre appartement, une vingtaine de fois avec toujours le même bonheur. Souvent de vraies rencontres.

Je me souviens alors de** la réaction effrayée de mes amis à l’époque :** « Ça ne te gêne pas que quelqu’un dorme dans tes draps ? » Pas plus qu’à l’hôtel, non ! « Tu n’as pas peur qu’on te vole, t’abime quelque chose ? » Eh bien non, ces hôtes, je leur ai toujours fait confiance. Bien sûr la scénariste un peu fleur bleue qui est en moi, adore le film « the Holiday » , mais elle envisage aussi le scénario virant au cauchemar façon** « Switch ».**

En neuf ans, je n’ai jamais fait de mauvaise expérience, tout au plus quelques couacs ; je me souviens d’une dame qui avait insisté pour garder mon chat pour voir si elle était toujours allergique et m’appelait tous les jours pour que j’envoie la femme de ménage, à part ça, rien de grave.

**La chance sans doute, mais pas simplement.**Au fil des échanges, j’ai appris à sélectionner mes hôtes en lisant comme dans le marc de café, entre les lignes de leur listing. Que penser d’un membre qui présente sa maison avec un lit à moitié fait ? Si c’est le meilleur de lui-même, cela en dit long, non ? Quel mauvais goût de photographier ses toilettes… La salle de bain me suffit, merci. Cela ne me dérange pas d’échanger avec un lieu plus petit si j’en aime l’esprit. Le style de l’appartement ou de la maison me donne celui de la personne. Est-ce que nous partageons des valeurs similaires ? Qui est elle ?

Bien que d’un naturel très enjoué, j’ai tendance à me méfier des personnalités trop exubérantes, dont la naïveté ou l’idéalisme, sont susceptibles de virer au vinaigre à la moindre contrariété. Je préfère de loin les membres sur la réserve qui vont me poser une tonne de questions ; ceux là sont des réalistes pragmatiques. « Up to a point » jusqu’à un certain point, comme disent les Anglais. Gare aux hyper inquiets qui éprouvent le besoin de vérifier votre identité sur Skype et vous demandent de faire le tour des pièces avec l’ordi façon état des lieux ; estampillés difficiles à satisfaire, mais pas rédhibitoire ; d’une certaine façon, leur angoisse me rassure.

Last but not least, enfin je suis très sensible à la manière dont on s’adresse à moi. Le membre qui envoie des messages en nombre, laconique sans formule de politesse, ne m’inspire guère. C’est en général celui qui demande à venir à 8 quand l’appart est fait pour 6. Je me fie davantage à une personne qui met les formes par un « Bonjour », « kind regards » et des attentions dans son expression. Elle en mettra en général aussi dans son rapport aux autres. N’oubliez jamais que dans la vie, on n’a qu’une une seule chance de faire bonne impression ; alors, un conseil, soignez votre listing !


À propos de l’auteur

catherine-monroyCatherine Monroy est scénariste pour la télévision, après avoir été notamment correspondante du Figaro à Budapest et du Monde à Prague. Et elle est aussi écrivain, co-auteur d’un livre sur les rivalités franco-anglaises de la Bataille d’Hastings à nos jour. Depuis six mois, elle tient un blog en anglais « Catherine’s diary, thoughts of a true Parisian » et vous dit tout ce que vous voulez savoir sur la France et les Français sans jamais avoir osé le demander.